mercredi 17 octobre 2012

Bonjour, Cette fois Algieba prend le chemin de la Crète pour y trouver ses quartiers d'hiver.

Mercredi 12 septembre – Vlikhada - Heraklion ( Crète) - 62 milles

La veille, nous avons profité de notre dernière journée à Santorin pour effectuer une longue marche. Le chemin des crêtes menant de Oia à Thira a été le théâtre de cette magnifique promenade offrant toujours de superbes points de vue sur la baie de Santorin( la Caldera) et sur les villages perchés en haut des falaises. Le chemin, qui démarre par des allées pavées de marbre à Oia se transforme rapidement en un sentier pierreux, les petites pierres volcaniques roulant sous les pieds rendant parfois la marche difficile mais quel spectacle !
Mais revenons au bateau, aujourd’hui, selon la météo, c’est la dernière journée de meltem avant la pétole . Aussi voulons-nous tirer profit du vent portant et décidons de partir de bon matin par force 5 à 6 beaufort. En sortant du port, le vent est aux alentours de 18/20 nœuds par trois quarts arrière et nous ne sortons que le génois afin d’économiser notre pauvre grand-voile, malgré cela nous filons 6 nœuds.
Peu après, le vent forcit et la mer grossit rapidement, nous en sommes à 30 nœuds et plus et roulons de plus en plus … le matelot pâlit et devient léthargique ! Algieba quant à lui continue bravement son chemin à plus de 7 nœuds sous génois seul, les grosses vagues lui soulevant l’arrière.
Vers midi, le vent baisse d’un cran et nous envoyons la grand-voile pour redonner de l’énergie à notre bateau qui file toujours bon train. Les côtes de la Crète commencent à apparaître dans la brume et vers 17h30 nous sommes devant le port d’Heraklion, capitale de la Crète.
Nous cherchons en vain une place dans le petit port Vénitien, c’est minuscule et bondé de bateaux locaux, nous devons donc nous rabattre sur l’avant-port et son haut quai conçu pour les cargos. L’ancre est mouillée et nous nous installons pour la nuit dans le bruit des avions qui nous rasent la tête, l’agitation du plan d’eau causé par les vagues des nombreux ferries, bref, un endroit peu recommandable.

Jeudi 13 septembre – Heraklion – Rethimnon – 36 milles

Nous avions rencontré Giannis à Vlikhada et celui-ci nous avait dit de faire appel à lui en cas de problème … Dans l’espoir d’obtenir une place dans le petit port, nous l’appelons et une heure après, il est là mais nous dit qu’il ne faut pas y compter . Son bateau est dans un autre port situé à une quinzaine de milles de là ( Malia ) et il nous conseille d’y aller. Auparavant, nous voulons quand même visiter Rethimnon, plus à l’ouest.
Après avoir fait tamponner nos papiers chez les garde-côtes, nous levons l’ancre mais une mauvaise surprise nous attend. En effet, celle-ci est prise dans quelque chose et il est impossible de la relever. Il y a 8 mètres de profondeur à cet endroit et l’eau n’est pas très claire, je ne me sens pas du tout l’envie d’aller voir au fond, aussi nous résignons-nous à rappeler Giannis, celui-ci connaît un plongeur.
Notre homme arrive quelques instants plus tard, s’équipe et, moyennant une centaine d’euros, s’en va décrocher l’ancre qui était prise dans une énorme chaîne. Il est déjà midi quand nous sortons du port d’Heraklion par grand beau temps et une petite brise, hélas contraire.
Après une heure de voile au près, le vent s’évanouit et nous devons continuer la route au moteur . Les très belles côtes montagneuses de la Crète sont rangées à bâbord et nous avons tout le loisir de les admirer. Les strates de schiste noir brillent sous le soleil et les sommets assez hauts se perdent dans les couronnes de nuages.
Puis le rivage devient plus plat et se couvre d’hôtels et autres résidences de vacances, on sent qu’ici, le tourisme est mis à profit !
En fin d’après-midi, Algieba fait son entrée dans la petite « marina » publique de Rethimnon et nous nous amarrons le long d’un quai où, surprise, se trouve déjà Dam’Marine . Nos amis Bretons vont aussi hiverner à Agios Nikolaos et font une longue escale dans ce petit port.

Vendredi 14 septembre au Mercredi 20 septembre - Rethymnon

Nous sommes bien installés le long du quai et allons rester ici quelques jours. Le quai des ferries n’est pas très éloigné et cela nous cause un peu de gêne parfois, à cause du trafic des bus et camions mais cela ne dure pas.
La ville compte 28000 habitants et est très touristique, les vieux quartiers à l’architecture mélangée ( Vénitienne et Turque ) sont pleins de charme, du moins quand ils ne sont pas envahis par les restaurants ou les boutiques pour touristes.
Le petit port Vénitien et son ancien phare sont charmants mais hélas envahis par les restaurants. Une imposante forteresse construite par les Vénitiens occupe une pointe rocheuse, nous sommes allés la visiter. Elle a été parfaitement restaurée et son histoire est très intéressante … Plusieurs fois assiégée, elle dut capituler devant les Turcs au bout de 22 jours en 1646. Les Turcs l’ont modifiée, transformant les églises en mosquées etc ... La principale étant la mosquée du Sultan Ibrahim Han dans laquelle on peut admirer un superbe « mihrab » , niche colorée qui indique la direction de La Mecque.
Le rivage Est constitue une très grande plage, bien sûr très fréquentée par les touristes.
Le mardi 18, nous avons loué une voiture et sommes partis vers le sud de l’île en passant par les régions montagneuses qui occupent le centre de l’île en cette partie. La petite route sinueuse contourne un imposant massif qui culmine à 1511 mètres, le mont Aghates. Nous nous sommes arrêtés dans plusieurs petits villages typiques et souvent plutôt déserts …
tels Argyroupoli et Kallicratis. Sur la route, les troupeaux de moutons et de chèvres sont nombreux. Le paysage est très minéral, les rochers déchiquetés ne laissent que peu de place à la maigre végétation souvent composée de touffes d’épineux ou d’arbustes avec cependant des endroits privilégiés où poussent de très grands chênes….
Il y a aussi des gorges profondes telles celles d’Imbros, longues de 8 kilomètres, qui sont extrêmement spectaculaires, c’est une bonne randonnée à pied que, hélas, nous n’avions pas le temps d’effectuer.
Ces gorges débouchent sur le versant sud de la montagne qui donne sur la mer près du petit port de Hora Sfakion, dont les habitants sont réputés pour leur caractère farouche et têtu. Ce furent les plus grands résistants à l’invasion Turque et aussi amateurs de vendetta, d’ailleurs, beaucoup de panneaux routiers sont criblés de balles !
De ce côté, les montagnes sont très arides et offrent un paysage un peu désolé, donnant un avant- goût du désert de Lybie juste en face ! Le retour vers le nord se fait par une autre route escarpée mais plus importante qui longe un massif encore plus haut avec le mont Pachnes culminant à 2454 mètres… Sur les hauteurs, les gros nuages noirs laissent échapper un peu de pluie et il fait plus frais, mais en s’approchant des rivages Nord, le ciel s’éclaircit franchement et nous pouvons visiter tranquillement les jolis villages de Bamos et Gavalochori , où les anciennes maisons Vénitiennes sont souvent bien restaurées et les jardins magnifiques.
Il y a cependant beaucoup de maisons abandonnées, l’une d’elles avec son allée de bougainvillées et de lauriers rose, sa porte bleue enfouie dans la végétation et son jardin en friche nous a bien plu … Nous y avons même fait une belle cueillette de raisin laissé là pour le bonheur des oiseaux !

Jeudi 20 septembre – Rethimnon – Malia ( 52 milles )

Là encore, départ au petit jour pour ne pas arriver trop tard. Une petite brise contraire se fait sentir et nous naviguons au près pendant un petit moment puis le grand calme revient et le moteur fait entendre son ronronnement. A 10 heures sonnantes, le vent passe à l’ouest et nous le recevons plein arrière pour 12 à 15 nœuds. Nous ferons ainsi route à la voile jusqu’à notre destination, un peu de houle faisant son apparition après la pointe de Kersonisos qui délimite l’entrée de la grande baie au fond de laquelle se trouve Malia.
Le port vers lequel nous allons n’est pas mentionné dans notre guide et ne figure pas sur les cartes marines que nous avons. Je n’ai que la position GPS et une photo du port récupérées sur Google Earth. Dans ces parages, le rivage est très rocheux et j’ignore la profondeur dans l’entrée du port qui paraît plutôt étroite au vu de la photo.
Cette entrée est impressionnante car les vagues brisent sur les roches et il faut virer sec sur tribord pour pénétrer dans le port. Par précaution, nous avons relevé un peu de dérive et le sondeur nous indique à un moment 1,90 mètres soit 2,30 mètres de profondeur réelle. Un immense quai vide long de 300 mètres environ s’offre alors à nous, bien protégé par une solide et haute jetée et équipé d’énormes bittes d’amarrage, mais ni eau ni électricité. Sur le côté opposé, quelques petits bateaux de pêche et de plaisance sont amarrés sur de misérables petits bouts de quais faits de bric et de broc. Au bout du grand quai un bateau est coulé et deux anciens ferries rouillés y finissent leurs jours …
Il s’agit là encore d’un port non fini et qui reste dans l’état, faute de finances. Il est cependant beaucoup plus propre que celui de Chios … Le bateau de Giannis est amarré dans un coin … Pas terrible … mais gratuit.

Vendredi 21 septembre au mercredi 10 octobre - MALIA

Le lendemain, après une superbe ballade à vélo, nous allons prendre un pot à la Taverna du port pour y récupérer le code internet. Le patron, Elias, est un homme très sympathique et il connaît bien notre ami Giannis. Il possède un petit bateau à passagers qui fait des excursions pour les touristes. Il nous offre la possibilité de prendre de l’eau quand on veut et d’occuper la place de son bateau quand il n’est pas là pour faire le plein d’eau.
La région de Malia est une vaste plaine au pied de la montagne et se prête bien à la pratique du vélo .Nous faisons ainsi de grandes ballades parmi les nombreuses cultures maraichères et les oliveraies. Il y a aussi de nombreuses bananeraies qui produisent de succulentes petites bananes. Le vieux village de Malia est petit mais très charmant. Les plages sont nombreuses ainsi que les bars, restaurants, discothèques et boutiques le toutes sortes qui drainent une importante population touristique principalement Russe.
Nous avons aussi profité de cette halte pour visiter l’antique palais Minoen de Knossos en partie reconstitué par Sir arthur Evans . La civilisation Minoenne commence à apparaître 5000 ans avant JC avec l’arrivée des premiers colons en Crète, venant probablement d’Anatolie et d’Asie Mineure. C’était l’âge de bronze et cette civilisation grandit rapidement pour atteindre son apogée vers 1500 avant JC, époque où de superbes palais à étages furent construits, notamment à Knossos et Malia. Ces palais, détruits par des tremblements de terre furent plusieurs fois reconstruits, toujours plus beaux … La civilisation Minoenne s’éteignit vers 1450 avant JC, probablement suite à la gigantesque explosion sismique qui fit s’effondrer Santorin et qui eut de graves conséquences sur la Crète.
Cette visite fut particulièrement intéressante et nous montra à quel point cette civilisation était avancée, possédant une marine puissante et commerçant avec les pays voisins, tels l’Egypte et l’Asie Mineure, allant jusqu’en Adriatique y acheter des métaux venant d’Espagne, de Gaule et d’ailleurs …
Nous avons aussi fait un tour de scooter dans les montagnes, en direction du plateau de Lassithi.
Ce mardi 2 octobre, nous sommes donc partis matin, à l’assaut des lacets de routes de montagne sur notre « Gilera » 80 cc. Première étape au petit village de Krasi, où nous avons pu admirer, trônant sur la place du village, un magnifique platane vieux de 2000 ans, ses racines étant bien alimentées par une source voisine.
Puis ce furent les ruines de moulins à vent installés sur les crêtes et qui étaient fort nombreux jadis, on en dénombra jusqu’à 20000. Il en reste environ 5000 aujourd’hui, pour le plus grand bonheur des touristes …
Nous débouchâmes enfin sur le plateau de Lassithi qui offre un fort contraste avec les rudes paysages montagneux, c’est une vaste plaine cultivée où abondent les champs de céréales, les cultures maraîchères, les vergers remplis de poiriers et de pommiers etc… Certaines pompes d’irrigation sont toujours actionnées par des éoliennes et leurs jolies ailes de toile blanche .
Tout cela enchâssé dans les montagnes, sa superficie est de 25 km2, nous en fîmes tout le tour à scooter.
Après une halte pique-nique dans le calme village de Tzermiado , nous reprîmes la direction de la mer par une autre route plus à l’Est qui nous conduisit, tout en longeant des vallées et des gorges impressionnantes, jusqu’à la petite cité de Néapoli. De là nous rejoignîmes le joli village de Milatos et ses anciennes maisons restaurées, puis Sissi et son petit port et, retour à Malia.
Les jours passent, nous sommes bien dans notre petit port tranquille et n’avons pas trop envie de partir. Nous assistons petit à petit à la désertion des touristes, leurs rangs sont déjà maintenant bien clairsemés, malgré le beau temps qui règne toujours !

Jeudi 11 octobre – Malia – Elunda ( lagune de Spinnalonga) – 22 milles

La mer est calme quand nous quittons notre petit port, au passage, nous frottons un peu la dérive sur le sable car l’entrée est vraiment peu profonde. Un petit vent arrière nous pousse tranquillement et nous doublons bientôt le cap Ioannis et mettons le cap sur l’entrée de lagune.
Celle-ci est spectaculaire, gardée par l’île de Spinnalonga où fut construit un imposant fort Vénitien. En longeant l’île, nous pouvons observer les bâtiments et le village de l’ancienne léproserie qui fut installée là dans les années 1900. Les lèpreux étaient confinés sur cette petite île afin de n’avoir aucun contact avec la population. Un bateau venant du village en face apportait tous les jours la nourriture nécessaire à leur subsistance…
Nous continuons jusqu’au bout de la lagune et jetons l’ancre devant le village d’Elunda.

Vendredi 12 octobre – Mouillage dans une crique voisine

Le matin, nous visitons le village ainsi que l’isthme qui relie la presqu’île de Kolokinthia à la Crète . Sur cet isthme, était construite l’ancienne cité d’Olous qui a été engloutie par les eaux et dont les ruines gisent de part et d’autres de la chaussée sous quelques mètres d’eau.
Ensuite, nous décidons d’aller jeter l’ancre dans une petite anse déserte située sur cette presqu’île, le plan d’eau est calme, nous prenons grand plaisir à nous baigner dans cette eau chaude et claire. L’après-midi, nous explorons le rivage où la nature a fait des merveilles en combinant différentes sortes de roches dont du quartz de toute beauté. L’intérieur est montagneux, ce ne sont que rochers et broussailles, l’accès est assez difficile mais nous arrivons à grimper suffisamment haut pour jouir d’une magnifique vue sur la lagune.
Samedi 13 octobre – Spinnalonga – Agios Nikolaos – 12 milles C’est au moteur, sur une mer plate, que nous parcourons les derniers milles de la saison. Nous sommes dans le « Kolpos Miranbellou » et arrivons bientôt en vue de Agios Nikolaos où nous allons installer nos quartiers d’hiver. La marina n’est pas très grande et est bien pleine, nous sommes un peu à l’étroit mais l’endroit paraît plutôt agréable et le temps est magnifique …
A bientôt Jo et Josianne