lundi 10 septembre 2012

Bonjour, Nous quittons la Turquie pour un retour dans les îles Grecques.

 Mardi 21 août – Fethiye – Serce limani - 58 milles

Départ tôt le matin, vers 7h. Une légère brise de Nord-est nous pousse tranquillement pour sortir du Golfe de Fethiye puis s’évanouit rapidement. Nous devons alors mettre le moteur pendant un bon moment, jusque vers midi où le vent passe au sud. Nous avons alors ce vent faible de travers mais il est suffisant pour pour nous « propulser » à 4 nœuds sur une mer plate et brillante.
 Le vent étant favorable, nous décidons de pousser à l’Ouest jusqu’à la petite anse de Serce, enchâssée dans les rochers et fermée de tous les côtés. Cette anse est proche du cap Karaburn situé juste devant l’île Grecque de Symi. A 15 milles de notre but, le vent vire soudainement Ouest/Sud-Ouest en fraîchissant à 20 nœuds, c’est dire que nous l’avons de face et nous devons tirer 2 bons bords dans une mer qui se forme. Nous pouvons observer des bancs de petits poissons volants qui étincèlent dans le soleil, on les prendrait vraiment pour de petits oiseaux ! Certains font des vols de près de cent mètres.
 Algieba marche bien et nous pouvons rejoindre rapidement l’entrée étroite de Serce, à l’intérieur le plan d’eau est très calme et nous mouillons avec une amarre aux rochers. Le temps de la manœuvre, un petit bain dans l’eau tiède et transparente et la nuit tombe déjà !

 Mercredi 22 août – Serce Limani – Datça – 24 milles

Nous partons encore tôt ce matin car nous voulons être tôt à Datça où il doit y avoir beaucoup de monde. Le vent étant aux abonnés absents, nous ferons toute la route au moteur, ce qui ne nous était encore jamais arrivé. Vers midi, nous arrivons dans la petite baie Sud et trouvons facilement une place au quai, Algieba mouillé sur son ancre.
Sur ce quai, les voiliers sont mélangés avec les goulettes et ce n’est pas toujours agréable d’avoir un voisin monstrueux ! Heureusement cela ne nous arrivera pas mais nous avons quelques inquiétudes quant au mélange des chaînes d’ancres car les bateaux arrivent les uns après les autres et à 18 h, le quai est saturé. Le soir, les restaurants, la musique, les nombreux promeneurs rendent cet endroit extrêmement bruyant et fatigant aussi décidons nous d’aller faire une promenade nocturne.
 Au retour, les boules Quies sont de rigueur si l’on veut espérer trouver le sommeil.

 Jeudi 23 août 12 – Baie nord de Datça

Dans la matinée , nous allons à l’agence Cnidos pour faire les papiers de sortie de Turquie. Cela fait pratiquement 3 mois que nous sommes entrés dans ce pays et la durée de séjour touche à sa fin. Sitôt les formalités accomplies, nous quittons le quai pour aller au mouillage dans la baie Nord de Datça qui est plus agréable et plus tranquille car il n’y a pas tout ce trafic infernal de bateaux. Le vent se lève l’après-midi et soufflera toute la nuit pour se calmer au petit matin.

Vendredi 24 août – Datça – Kos (Grèce) – 39 milles

 L’ancre est virée à 6h30 le matin et nous profitons du reste de vent pour faire un peu de route à la voile. Cela ne durera pas et nous devons à nouveau solliciter notre brave Volvo, ce jusqu’au cap Devoynu où nous voyons la mer moutonner. Nous hissons à nouveau les voiles mais le vent est inconstant puis il finit par s’établir en fin de matinée et la fin de parcours sera sportive par plus de 20 nœuds de vent du Nord.
Nous tirons 2 grands bords rapides (speedo à 8 nœuds et +) le long de la côte de l’île de Kos avant de rejoindre Kos ville, où nous amarrons Algieba dans le port, au quai public.
L’ancrage est solide mais beaucoup de choses traînent dans le fond de ce port et nous voyons des bateaux ramener des chaînes ou des grappins en relevant leur ancre …

Samedi 25 août et Dimanche 26 août – Quai public Port de Kos

 Nous resterons là trois nuits à ce quai situé en plein centre ville. L’endroit est animé et est un peu bruyant, mais très pratique...et gratuit. Nous y rencontrons un bateau Français « Pacha » mené par Christian, un retraité solitaire qui a trouvé un moyen original de ne pas naviguer seul.
Il recrute par Internet des « équipiers » qui viennent passer une semaine et il les promène entre la Grèce et la Turquie car il connaît tous les bons endroits … et aussi les bons restaurants ! Ses équipiers reviennent souvent et cette fois c’est un jeune père de famille ( qu’il connaît déjà) et ses deux petites filles qu’il embarque.

Lundi 27 août au Jeudi 30 août Marina Kos 

Un sérieux de coup de meltem est annoncé pour mardi et Christian nous a déconseillé de rester dans le port qui n’est pas confortable par gros temps et peut même être dangereux ( des mâts se sont déjà entrechoqués) ... Aussi décidons-nous d’aller à la marina voisine où Algieba sera en sécurité en attendant de pouvoir remonter vers le nord.
La moitié de la marina est occupée par des bateaux de location et il n’est possible d’y aller que du Dimanche au jeudi. D’ailleurs Kos est l’île de la location, la moitié des véhicules, que ce soient des vélos, des scooters, des voitures ou des bateaux est de location !
Nous ferons de même le jeudi en louant un scooter pour aller visiter l’intérieur de l’île et ses villages de montagne haut perchés. Nous irons ainsi à Zia, petit village touristique offrant des chemins de randonnée vers la montagne verdoyante. Ensuite, ce seront les ruines du village médéval de Palio Pyli et son château dominant la plaine côtière. De là-haut, le panorama sur la côte et les îles environnantes de Pserimos et Kalymnos est superbe. Au passage, nous admirerons une très ancienne chapelle de l’époque Byzantine.
          Un coup de scooter et nous voilà sur la côte Est protégée du meltem mais très aride, offrant au regard un paysage de collines pelées. Les plages y sont très fréquentées par les étrangers et notamment les Anglais.
Au retour, nous grimperons par une petite route escarpée vers les hauteurs à l’est de la ville de Kos pour finalement arriver dans un camp militaire … Donc demi-tour et retour à la marina après avoir admiré le paysage.

Vendredi 31 août – Kos – Baie de Xerocambos (île de LEROS) – 28 milles

 Le meltem est bien installé mais la météo l’annonce plutôt modéré aujourd’hui, aussi décidons nous de rejoindre l’île de Leros, ce qui implique une remontée pile face au vent. Nous nous attendons à une navigation difficile et nous serons servis. Après un départ à la voile super, nous sortons du détroit entre Kos et la Turquie et là, nous trouvons une mer très formée et je me rends vite compte qu’il sera très difficile de tirer des bords là-dedans.
Algieba est déporté à chaque fois par les grosses vagues et nous faisons une très mauvaise route. Le moteur est alors mis en route et nous essayons de tirer des bords serrés avec l’aide de la grand- voile. Le bateau fait des bonds dans les gerbes d’écume qui recouvrent le pont et nous trouverons bien longue cette navigation. Cependant, nous pourrons quand même tirer un grand bord à la voile le long de la côte nord de Kalymnos avant de remettre le moteur pour entrer dans la grande baie de Xerocambos, tout à fait au sud de Leros. Bien fatigués … La baie est jolie et offre un bon abri mains nous n’y resterons qu’une nuit.

Samedi 1er septembre – Xerocambos – Lakki – 5 milles

Ce samedi matin, nous rejoignons rapidement la grande baie de Lakki et nous élisons domicile à la marina Evros qui occupe l’extrême fond de la baie. Il y a énormément de bateaux Français dans cette marina au demeurant fort bien abritée et accueillante.

Dimanche 2 septembre au Mardi 4 septembre - Evros Marina de Leros

 Le village de Lakki est plutôt mort en ce début septembre. Les rues sont rectilignes et les commerces plutôt dispersés. Une autre petite marina et un quai public mettent un peu d’animation à l’extrémité sud du village mais la plupart des grands cafés sont déserts. Nos voisins de ponton, Brigitte et Régis de « ADOK » font leurs préparatifs de retour vers la France. Ils sont toujours en activité et les vacances sont finies hélas ! Ils sont très sympas et nous donnent quelques tuyaux sur le coin qu’ils connaissent bien.
Nous avons repris les footings du dimanche matin et parcourons ainsi la jolie route côtière qui mène à Agia Marina, la capitale de l’île.
Le midi , nous prendrons le bus pour nous rendre dans ce village bâti à flanc de colline avec de belles anciennes maisons de style Italien. Leros , ainsi que les autres îles du Dodécanèse ,a été en effet propriété des Italiens durant une longue période, de 1911 jusqu’à la seconde guerre mondiale.
Beaucoup de ces grandes maisons sont malheureusement abandonnées et se dégradent.
Malgré cela, le village est très accueillant et pittoresque avec ses rues en escalier et respire la tranquilité. Nous rejoignons ensuite le village voisin de Platanos puis Pandelli en bord de mer qui est plus touristique . Nous ferons également une grande ballade sur la route de Xerocambos, le long de laquelle se situe l’immense hopital psychiatrique qui a fait scandale dans les années 80-90, tristement réputé à cette époque pour la dureté des traitements infligés aux malades mentaux venus de toute la Grèce. Cet hopital est formé de nombreux pavillons plutôt jolis et disséminés dans un immense parc planté d’eucalyptus en bord de mer. De grandes et belles maisons de style Italien bordent également le rivage. C’était auparavant une prison politique qui a été construite par les Italiens quand ils occupaient les îles du Dodécanèse.

 Mercredi 5 septembre – Lakki (ile de Leros) – Ormos Livadhi (île de Astipalea) – 46 milles

La météo annonçe du meltem force 5 à 6 aujourd’hui, ce qui nous fait un vent de travers favorable pour aller jusqu’à Astipalea, petite île située à la limite du Dodécanèse et des Cyclades. Nous partons donc de bon matin par bon vent tribord amures et filons bien vers le sud-ouest. Cependant, le vent augmente rapidement et la mer grossit, les vagues deviennent hautes et courtes comme c’est toujours le cas dans cette mer Egée… Nous commençons à être sérieusement malmenés par ces lames qui arrivent de travers et explosent parfois dans le cockpit.
Algieba se couche par l’effet des vagues et du vent mais heureusement, il file à bonne vitesse et je me dis que plus vite nous allons, plus vite nous serons arrivés ! Aussi, je garde la grand-voile haute tout en réduisant sérieusement le génois. Le vent forcit toujours et dépasse la force 6 , la navigation est très éprouvante et il faut être extrêmement vigilant, aussi c’est avec joie que nous commençons à entrevoir les contours d’Astipalea qui se rapproche avec la promesse d’un bon abri.
Une fois la pointe Est de l’île doublée, nous passons sous le vent de l’île et la mer s’aplatit mais le meltem rageur dépasse alors les 30 nœuds, alors que nous devons faire du près … Qu’importe, nous filons vers Ormos Livadhi, slalomant entre les îlots pour finalement entrer dans cette grande baie dominée par le village blanc d’Astipalea et sa forteresse.
Une plage occupe le fond de la baie et nous jetons l’ancre par 6 mètres de fond de sable de bonne tenue . Nous sommes maintenant bien à l’abri du vent et jouissons du calme revenu. Cependant, en affalant la grand-voile, je me suis rendu compte qu’elle était déchirée dans le haut à 2 endroits. Une réparation de fortune est effectuée en attendant de la faire réparer plus tard. Les 46 milles ont été couverts en un peu plus de 7 heures. Nous passerons ici un après-midi agréable et une nuit calme bien que très courte !

Jeudi 6 septembre – Ormos Livadhi (île d’Astipalea) – Vlikhada (île de Santorin) – 52 milles

 Aujourd’hui, pour mes 63 ans, nous allons nous offrir une ballade jusqu’à Santorin dont tout le monde nous dit qu’il faut y aller … Eh bien allons-y ! Cette fois nous partons à 5h30, il fait encore nuit, car nous ne voulons pas arriver tard à Vlikhada dont le port est très petit et souvent saturé. Contrairement à la veille, c’est une navigation pépère, les trois quarts au moteur … Le meltem fait une pause avant un nouvel accès de fièvre prévu dès demain ! La mer est calme et nous permet d’observer encore des bancs de petits poissons-volants .
Nous longeons l’île d’Anafi à la voile, elle offre un paysage montagneux, aride et un peu désolé bien que très beau et majestueux … Il faut vraiment y être né pour vivre dans des endroits pareils ! Actuellement, il reste un peu plus de 200 habitants sur cette île.
Puis Santorin se dessine à l’horizon et nous arrivons devant l’entrée réputée difficile de Vlikhada car elle est envasée et entourée de récifs, il faut contourner une bouée et bien suivre les directives du guide Imray. Mais que voit-on qui entre avant nous dans le port ? Six gros catas de charter ! Je commence à râler et me dis qu’on ne trouvera jamais de place, or où aller ? Les abris sont rares à Santorin et un gros coup de meltem arrive !
Cependant, nous entrons à la suite des catas qui en fait, sont basés ici et promènent les touristes. Evidemment, il n’y a pas de place dans le port et nous songeons à nous mettre à couple d’ un cata mais … pas question … interdit ! Un homme nous hèle alors et nous indique un petit bout de quai à l’entrée entre le port et l’avant-port. Nous amarrons solidement Algieba qui dépasse de 3 mètres à l’avant ainsi qu’à l’arrière. L’homme n’est autre que le responsable du port et nous dit que nous pouvons rester là plusieurs jours. A bien regarder, la place n’est pas si mauvaise, très bien abritée, le vent nous éloignant du quai, d’ailleurs ce vent est très atténué ici alors que dehors ça déménage ! Ce port est avant tout un port de pêche et maintenant des bateaux de charter y ont établi leur base. Heureusement, il n’y a que 2 ou 3 bateaux de passage comme nous.

Vendredi 9 septembre au … - Vlikhada

Au vu des prévisions météo, nous sommes là pour quelques jours, aussi allons-nous les mettre à profit pour visiter cette île magique. Vendredi après-midi, nous empruntons le bus local pour Thira qui est la principale ville de l’île. Le bus fait un bon tour dans la partie sud et ouest de l’île et cela nous permet de découvrir ces régions.

 Le côté Est forme une vaste plaine côtière dominée par une haute montagne et les cultures maraîchères( melons, courges, tomates etc…) y sont nombreuses . Le Sud-ouest de l’île forme lui un plateau volcanique où de nombreuses parcelles de vigne rase sont cultivées. On y produit un vin blanc sec, ainsi qu’un vin doux ambré, le Vinsanto. Je me promets bien d’y goûter. Au bout de ¾ d’heure de petites routes sinueuses, nous arrivons à Thira. La première impression, c’est qu’il y a beaucoup de monde. Les boutiques pour touristes et les restaurants sont implantés partout ainsi que les hôtels qui dominent la Caldera qui est le bord de mer quasiment inaccessible car les spectaculaires falaises noires tombent à pic dans la mer.
L’île était ronde autrefois et s’appelait Strongili. En 1650 avant JC, une explosion volcanique gigantesque a fait s’effondrer tout le centre de l’île qui forme maintenant un arc de cercle avec au centre de la baie une nouvelle île qui est apparue en 1707 de notre ère au cours d’une nouvelle éruption.
 Nous empruntons le chemin aménagé qui surplombe cette Caldera et là, les panoramas sont superbes, une vue unique sur la nouvelle île (Nea kameni) qui occupe la place de l’ancien cratère du volcan ainsi que sur les villages de Oia et Finikia perchés au sommet des falaises.
Tout en bas, on peut apercevoir le minuscule ancien port de Thira. D’ailleurs, nous profiterons d’un après-midi pour descendre jusqu’à ce port par un sentier muletier qui est maintenant aménagé. Les mules y sont encore fort nombreuses car elles promènent les touristes sur leur dos. Nous croisons ainsi des troupes de cavaliers, certains peu rassurés et d’autres essayant désespérément de faire avancer leur monture rétive. En attendant de travailler, toutes ces bêtes sont alignées au bord du chemin et il faut se frayer un chemin parmi elles dans une odeur peu agréable de crottin et d’urine de cheval …
 Le mignon et minuscule port est très exposé à la houle et il ne serait pas question pour nous de venir dans cet endroit, surtout quand le meltem règne ! La remontée se fera en empruntant le téléphérique.


Au retour de promenade, nous découvrons un gros bateau à moteur à couple d’Algieba, il a été placé là par le chef de port, la place qu’il occupait auparavant étant trop inconfortable. Ce choix nous paraît limite car, dans les violentes rafales de vent, ce bateau tire énormément sur Algieba et ses amarres. Toute la nuit, nous subirons les secousses et nous ne dormirons que d’un œil.
Cependant le propriétaire, Giannis, un gros Grec jovial et sympathique de Heraklion en Crète nous propose son aide et son service quand nous irons là-bas, il suffit de lui téléphoner, il accourt  !
Ce bateau part le lendemain matin et est bientôt remplacé par un Sun Rise Marseillais, celui-ci est plus léger et le vent un peu moins fort, donc cela va mieux …
Nous pensons quitter Santorin mercredi avec la diminution du meltem mais avant la pétole !